“La microfinance au Sénégal, une alternative crédible”, par l’économiste Souleymane SARR

Ces performances ainsi réalisées place le Sénégal au premier rang des pays de l’UEMOA avec 20% des clients, 27% des dépôts et 34% des crédits. Elles sont fort appréciables en terme de croissance et de portée et constituent à n’en pas douter, pour une industrie en phase de professionnalisation, des acquis indéniables qu’il faudra consolider et améliorer malgré les contraintes.Un pas important vers l’amélioration de l’accès aux services financiers est ainsi franchi mais il reste à aller résolument vers la construction d’un secteur financier inclusif qui nécessite l’apport des IMFs, de l’Etat, des autorités de tutelle et des PTF. En effet, La finance inclusive constitue le nouveau paradigme de la microfinance par rapport auquel les vrais spécialistes doivent orienter leurs réflexions afin de définir les axes stratégiques pertinents et les plans opérationnels qui pourront donner corps aux objectifs légitimes de l’accès du plus grand nombre aux services financiers( épargne, crédit, micro assurance, transfert).
En effet, La lettre de politique sectorielle de la microfinance au Sénégal, les objectifs du millénaire pour le développement et les principes clés de la microfinance élaborés par le CGAP et adoptés par le G8 en 2004 à Sea Island élèvent la question de l’accès au rang de priorité. Par contre, ces principes mettent en garde contre le plafonnement des taux car il rend difficile l’accès des populations au crédit. Le rôle de la finance de proximité dans la promotion de l’inclusion financière est crucial car la microfinance grace à ses outils, ses produits et méthodologies spécifiques est mieux à même de servir le maximum de personnes possibles dans le long terme. En revanche, il faut accepter que l’atteinte de cet objectif a un coût certain. Dans cette perspective, les SFD au Sénégal participent résolument à la promotion de l’accès par :
– La mise en place de réseaux de distribution de proximité sur toute l’étendue du territoire surtout dans les zones communément appelées les « déserts bancaires ». Un réseau dense à l’échelle du pays implique inévitablement des coûts de possession élevés. Il est plus couteux de produire et de suivre une multitude de prêts de faibles montants que quelques prêts importants.
– L’aménagement de guichets et d’agences qui inspirent confiance, confortables et sécurisés (collecte de l’épargne, transfert d’argent)
– La déconcentration des pouvoirs du siège au niveau des délégations régionales pour maintenir le contact avec les opérations
– ………………………….(suite dans la version pdf)
En définitive, il convient de rappeler que la microfinance au Sénégal est un secteur qui fait l’objet d’une réglementation et d’une supervision conjointe BCEAO-COB/ministère des finances. Ces autorités exercent sur les SFD un contrôle sur pièce et sur place et tout manquement est sanctionné conformément à la loi 2008-47 sur les SFD. Donc il n’est point besoin dans un Etat de droit où l’écosystème financier a fait la preuve de sa maturité, d’appeler à la défiance populaire contre un segment émergent et sensible du système. Nous appelons à plus de responsabilité.
Souleymane SARR Economiste – spécialiste en Microfinance Formateur certifié CGAP Sarrjules2002@yahoo.fr
