
Micro-finance islamique : Les acteurs pour l’instauration d’un cadre réglementaire
En état de balbutiement dans la zone Uemoa, la finance islamique n’est pas encore bien intégrée dans la législation financière de beaucoup de pays africains à l’image du Sénégal. En conclave ce week-end, à Dakar, les acteurs du monde de la finance islamique ont plaidé pour l’instauration d’un cadre réglementaire.
Les contraintes de la micro-finance islamique dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont été passées au peigne fin, samedi, à l’occasion d’un atelier sur la micro finance islamique, tenue à Dakar.
Cette rencontre qui a mobilisé des experts de la finance islamique, a été une occasion de plaider pour l’instauration d’un cadre réglementaire dans l’espace Uemoa, en particulier au Sénégal. Selon, Djibril Safi Seck, président du Groupe de recherche sur la finance islamique en Afrique (Grefia), les contraintes structurelles doivent être les défis qu’il faudra relever pour l’accès massif au financement islamique. « Dans notre pays, il y a un environnement juridique qui n’est pas celui de la micro finance islamique. Je pense qu’il faut qu’il y ait des réaménagements fiscaux comme certains pays l’ont fait à l’image de la France pour essayer de mettre en relation ces deux systèmes », a-t-il expliqué.
De l’avis de Khady Fall Ndiaye Mbacké, directrice du Programme d’alphabétisation et d’apprentissage des métiers pour la lutte contre la pauvreté (Palam), cette conférence est venue à son heure du fait que, dans notre pays, on ne connaît généralement que le financement classique. « Au Sénégal, il y a une réglementation sur la finance classique, mais ce n’est pas le cas pour le financement islamique. Il serait important du fait que c’est un mécanisme de financement adapté aux pauvres qu’il y ait une révision pour l’adapter et l’intégrer dans notre législation», a-t-elle indiqué. Elle ajoute : « il y a encore des insuffisances car la majeure partie des groupes vulnérables ne bénéficie pas de financement. Toutefois, avec la finance islamique intégrée, ces groupes peuvent profiter des projets et lutter contre la pauvreté ».
Au Sénégal, en dépit d’un fort de taux de musulmans, l’accès au financement islamique demeure toujours une problématique. Une situation qui, selon M. Seck, peut aussi être liée au contexte socioculturel. « Le fonctionnement de la micro-finance islamique varie d’un pays à un autre. La finance islamique relève de l’environnement intangible, c’est-à-dire de Dieu. Ce faisant, cette configuration peut changer en fonction des lieux de culture », a-t-il souligné. Toutefois, de l’avis du président du Grefia, la finance islamique est dans un état de balbutiement en Afrique même si des pays comme le Sénégal ont fait des efforts. « Les pouvoirs publics sénégalais ont commandité une étude en France sur la micro-finance islamique. Certainement, ils veulent avoir une réelle maîtrise sur les mécanismes de ce financement avant d’instaurer le cadre règlementaire », a-t-il laissé entendre.
A l’en croire, le mode de financement islamique est vecteur de développement et permet aux populations démunies de sortir de la pauvreté.
« Le financement islamique est le produit le plus abouti de la solidarité islamique. Il peut beaucoup apporter au développement de notre pays », a-t-il laissé entendre.

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