
MICROFINANCE RURALE: La solution du mobile banking
Les services de la microfinance n’ont qu’un faible taux de pénétration en milieu rural, à en croire Abdoulaye Seck de la faculté de sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop. Le taux de pénétration en milieu rural dépasse difficilement les 11% alors même que l’objectif initial est surtout centré sur la lutte contre la pauvreté en milieu rural et féminin. Mais aujourd’hui, constate M.Seck, « la microfinance ne s’intéresse pas aux plus pauvres et elle n’est pas présente dans le milieu rural alors que c’est là-bas que se trouve véritablement la pauvreté. En d’autres termes, la microfinance n’est pas là où elle doit être. » Pire, sa contribution en matière de lutte contre la pauvreté est, pour l’heure, en deçà de ce qu’elle devrait être. Une des raisons de ce paradoxe qui limite la portée de la microfinance se trouve, selon M. Seck dans « le conflit entre la profitabilité et l’objectif de réduction de la pauvreté. »
Ce paradoxe est souligné par Clément Waly Faye qui constate une « concentration sur le littoral de plus de 60% des institutions de microfinance entre Dakar et Thiès. » Cette forte concentration, d’après le responsable du suivi évaluation de la lettre de politique sectorielle de la microfinance, s’explique par les nombreuses difficultés et contraintes liées à la microfinance rurale. Ces difficultés et contraintes tiennent généralement à la faiblesse des bases de production et des densités humaines en milieu rural. A cela s’ajoute un manque criard d’infrastructures. Ces difficiles conditions et les coûts élevés des transactions font que les institutions hésitent à s’y installer. C’est pourquoi d’ailleurs la microfinance au Sénégal, qui est née dans le bassin arachidier, tend à se replier en milieu urbain.
C’est pour corriger ces défaillances que la direction de la microfinance avec le soutien des partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de la lettre de politique sectorielle accompagne l’installation des institutions dans le monde rural, notamment dans les régions de Fatick, Diourbel, Tambacounda et dans le département de Mbour. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre du projet AESOR (Amélioration de l’encadrement du secteur de la microfinance et de l’offre de service en milieu rural) Dans ce cadre, des mesures incitatives sont prises, il s’agit entre autres de l’appui en ressources financières, de la construction et de l’équipement d’agences, de la mise à disposition de systèmes d’information et de gestion, du matériel de transport et d’un accompagnement aux institutions financières afin de leur permettre d’adapter leurs produits et services ;
Mais toujours dans le cadre de cette politique d’extension, la direction met l’accent sur des solutions à portée de main pour faciliter l’accès aux produits de la microfinance dans le monde rural. C’est dans cette dynamique qu’elle inscrit les innovations sur les guichets mobiles et mobile banking afin d’atteindre les zones enclavées, mais aussi de faire le tour les marchés hébdomaires. Ce projet est soutenu par la coopération allemande avec un montant de 6 milliards de FCfa. L’utilisation du mobile banking permet d’amoindrir les coûts élevés de la présence physique des institutions de microfinance grâce à des solutions adaptées.
Mais là, il y a l’équation du faible taux d’alphabétisation qui risque de plomber l’opération. C’est pour cela, assure Clément Waly Faye, « que le projet prévoit un volet éducation financière. Cette éducation financière a comme objectif de pousser les populations à faire confiance à cette technologie pour faire leurs opérations d’épargne, de remboursement ou de réception de crédit. » Elle se fonde sur des syntaxes assez simples comme celles utilisées par des produits comme Wari ou Orange Money, avec une option multi-opérateurs. « Le programme est déjà en œuvre dans les régions de Kaolack, Tambacounda, Thiès, Louga et Saint-Louis », soutient le chargé du suivi évaluation.

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