
MICROFINANCE : Un forum se penche sur l’écueil du financement du secteur
Un premier forum dédié à la microfinance se tient, depuis hier, à Dakar, pour réfléchir sur les moyens de lever les contraintes qui freinent l’épanouissement du secteur. L’ambition des acteurs est de permettre à la microfinance de jouer pleinement son rôle dans l’inclusion financière et l’émergence du Sénégal.
Malgré l’évolution de l’environnement légal et règlementaire et la diversification des acteurs intervenants dans la microfinance, le secteur reste encore confronté à l’épineuse problématique de son financement. L’accès à des ressources longues et durables constitue le défi à relever pour permettre à la microfinance de jouer pleinement sa partition dans l’émergence économique du pays. Pour lever les contraintes et arriver à cette fin, l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Sénégal (Ap/Sfd) organise, depuis hier, à Dakar, le forum des investisseurs en micro finance.
Cette première édition parrainée par le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), se veut un cadre de réflexion et d’échanges afin de trouver des solutions idoines permettant de lever les contraintes à cette problématique. La rencontre de deux jours (16 au 17 décembre 2014) cherche à poser la problématique du financement du secteur de la microfinance, mais surtout développer des synergies entre les investisseurs en micro finance pour faciliter et impulser l’accès au refinancement des Systèmes financiers décentralisés (Sfd), fait savoir le président de l’Ap/Sfd, Mamadou Lamine Guèye.
Ouvrant les travaux, le ministre délégué auprès du ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, chargé de la Microfinance et de l’Economie, Moustapha Diop, a salué l’initiative qui est, à son avis, une occasion pour l’ensemble des acteurs de la finance inclusive de réfléchir à un cadre de partenariat pour favoriser l’accès des Sfd à un dispositif de refinancement adéquat sur une base durable et pérenne. Selon M. Diop, la problématique de l’accès des institutions de microfinance au refinancement, surtout aux ressources longues et stables, est une préoccupation de l’Etat pour favoriser le financement des micros, petites et moyennes entreprises. « Avec le retrait de partenaires techniques et financiers importants et la fin de la plupart des programmes d’appui à notre secteur, le gap entre les besoins de refinancement des Sfd et l’offre réelle a considérablement accru », regrette le président de l’Ap/Sfd. Il se trouve aussi que les conditions qui sont souvent fixées par les investisseurs constituent un frein pour ces Sfd. « C’est pourquoi nous pensons que les solutions pour combler ce gap de refinancement interpellent toutes les parties prenantes qui doivent œuvrer pour l’amélioration de l’adéquation entre l’offre de financement et la demande », estime Mamadou lamine Guèye.
Selon le président du conseil d’administration du Fongip, Mamadou Ndiaye, la structure s’est engagée à accompagner le secteur de la micro finance dans toutes ses composantes afin de lui permettre de se pérenniser, de décupler son impact et de trouver les moyens d’assurer la durabilité des emplois des micros entrepreneurs, surtout les femmes et les jeunes. Car, à son avis, la transformation structurelle de l’économie sénégalaise ne peut être effective sans une parfaite amélioration de l’accès au crédit à faible coût pour les Pme, mais aussi et surtout pour les populations démunies, généralement exclues du système bancaire classique.
44 milliards de FCfa d’emprunts contractés en 2013
La micro finance contribue à plus de 10 % au financement de l’économie et autour de 4 % au Pib. Au 31 décembre 2013, selon le ministre délégué chargé de la Microfinance et de l’Economie, les emprunts contractés par les systèmes financiers décentralisés (Sfd) auprès des banques et des autres structures de refinancement s’élevaient à près de 44 milliards de FCfa. Soit 18 % seulement du portefeuille de prêt des Sfd. Selon le Pca du Fongip, le taux de pénétration des Sfd dépasse 15 % de la population sénégalaise et 26 % de la population active, soit plus de 2.076.827 personnes qui sont desservies actuellement. Ce qui justifie les efforts fournis en termes d’octroi de crédit et de mobilisation de l’épargne avec des encours respectifs de 232 milliards et 205 milliards de FCfa. Le Fongip accorde aux Sfd des lignes de refinancement en vue de contribuer à l’effort de mobilisation de ressources stables pour leur permettre de répondre efficacement aux besoins de financement des membres. En 2014, selon Mamadou Ndiaye, directeur général du Fongip, le fonds a octroyé des lignes de refinancement aux Sfd pour un montant global de 1,5 milliard de FCfa à des conditions préférentielles (taux d’intérêt de 2 % pour une durée d’au moins trois ans avec un différé d’un an). Pour 2015, poursuit M. Ndiaye, pas moins de trois milliards de FCfa seront accordés par le Fongip pour le refinancement des Sfd dans des conditions aussi avantageuses, voire plus.

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