
Un microcrédit qui change une vie
L’endroit est discret, pour ne pas dire rudimentaire. Un local, d’une cinquantaine de mètres carrés tout au plus, enclavé entre deux magasins. À l’extérieur, aucun logo. Il faut appuyer du regard pour se rendre compte qu’un salon de coiffure a pris ses quartiers dans cette petite surface commerçante de Salzinnes.
Pourtant, l’endroit est devenu en un peu plus d’un an un incontournable de la communauté africaine de Namur. Les clientes s’y bousculent pour s’y faire tresser, lisser ou allonger les cheveux. Et pour cause : c’est le seul établissement du genre dans la région. Il aura fallu toute la détermination de Coumba, et le soutien financier de MicroStart, un organisme de microcrédit pour que le salon ouvre ses portes.
La coiffure africaine, c’est la spécialité de Coumba. Elle exerçait ce métier au Sénégal, son pays d’origine, jusqu’à une rencontre fortuite avec un Jodognois. L’homme accompagnait sa fille venue se faire mettre des tresses. Plusieurs rencontres plus tard, la femme aujourd’hui âgée de 40 ans revendait son salon «qui marchait super bien » avant de s’installer en Belgique et de se marier.
« Ce fut très difficile car je ne parlais pas du tout français», se souvient la jeune femme. Elle suit alors des cours, avant de trouver du boulot comme aide ménagère. Un métier qu’elle exercera pendant quatre ans, faute d’avoir pu ouvrir son propre salon. « Pour ça, il fallait connaître des gens. Là où j’habitais, à Jodoigne, il n’y avait pas d’Africains. »
Mais rapidement, sa santé se dégrade au contact récurrent de la poussière et des poils d’animaux. Son couple vacille. Elle se sépare. Mais la Sénégalaise s’est petit à petit constitué un cercle d’amis.
Les habitudes d’antan reviennent vite. Elle se remet à faire quelques tresses. Pour faire plaisir d ’abord. «Je faisais ça au lieu de ne rien faire. Mais quand j’ai vu que les gens revenaient, je me suis dit que je pourrais en faire mon métier.»
Coumba se renseigne alors auprès de différents organismes, demande de l’aide auprès de couveuses d’entreprises : sans succès. «Ils me disaient tous que j’avais un bon projet mais qu’ils ne savaient pas comment m’aider.»
La Sénégalaise ne désarme pas pour autant. Sa persévérance finira par payer. Elle rencontre quelqu’un qui la met en contact avec MicroStart, un organisme de microcrédit. Après leur avoir expliqué son projet et prouvé, en dénichant le local qui pourrait abriter son activité, qu’elle était déterminée à réussir, elle reçoit un prêt de 10 000 euros de MicroStart. Une somme qu’elle devra rembourser en trois ans.
C’était en février 2012. Aujourd’hui, cette mère de deux enfants s’est fait un nom et exploite un créneau qui ne souffre d’aucune concurrence à Namur. Mais si son rêve est assouvi, il doit encore être consolidé.

A lire Aussi
